La scène politique sénégalaise est traversée par une tension palpable entre le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko, dans un duel silencieux autour de la coalition « Diomaye Président ».
C’est dans ce contexte de désaccords répétés sur les nominations clés et l’orientation du mouvement que le député de PASTEF, Cheikh Bara Ndiaye, a publié un message intrigant sur Facebook. Affirmant que la santé de Sonko est « au beau fixe », il avertit aussitôt le Premier ministre des « menaces de l’ennemi ». Pourquoi un tel message, et que cherche-t-il réellement à signaler ?
L’interrogation se renforce lorsqu’on connaît le rôle que joue Cheikh Bara Ndiaye dans l’écosystème militant : il est souvent perçu comme la voix directe — parfois brutale — de l’aile la plus combative du sonkisme. En mettant en avant la santé du Premier ministre, il ne se contente pas de rassurer. Il sanctuarise. La référence à son intégrité physique renvoie immédiatement à son passé de figure persécutée sous l’ancien régime. Dès lors, toute menace, même implicite, prend une dimension politique explosive : qui serait cet « ennemi » ? Et pourquoi évoquer la possibilité d’un danger au moment où la coalition se déchire ?
L’avertissement de Cheikh Bara Ndiaye apparaît ainsi comme une manœuvre stratégique à double niveau. D’un côté, il crée un bouclier préventif autour du Premier ministre : la moindre attaque politique ou tentative de marginalisation serait instantanément interprétée comme une agression ciblée. De l’autre, il met une pression directe sur le camp présidentiel, présenté comme cherchant à isoler Ousmane Sonko. En transformant le conflit interne en question de vigilance voire de survie politique le député soulève une question centrale : la bataille au sommet est-elle en train de franchir un seuil critique ?