Zaynab Sangaré porte la voix du Sénégal dans le débat africain sur la justice fiscale

Zaynab Sangaré porte la voix du Sénégal dans le débat africain sur la justice fiscale

Dans un contexte où les flux financiers illicites (FFI) et l’injustice fiscale freinent considérablement le développement économique et social du continent africain, une nouvelle génération de journalistes se mobilise pour faire entendre la voix des citoyens et dénoncer les systèmes fiscaux injustes. Parmi eux, Zaynab Sangaré, journaliste sénégalaise, s’est illustrée en portant haut les couleurs du Sénégal lors de la formation panafricaine sur la justice fiscale organisée par Tax Justice Network Africa (TJNA).

Cette formation, qui s’est tenue en ligne du 4 mars au 10 avril 2025, a réuni 25 journalistes venus de toute l’Afrique de l’Ouest, du Nord, du Centre, de l’Est et du Sud autour d’un même objectif : comprendre et enquêter sur les enjeux complexes liés à la justice fiscale et aux flux financiers illicites. À travers douze sessions intensives, les participants ont acquis à la fois des connaissances théoriques et des outils pratiques pour rendre ces thématiques accessibles au grand public, en produisant un journalisme engagé, rigoureux et capable d’influencer le débat public.

Zaynab Sangaré s’est distinguée par son implication active, son sens critique et sa capacité à relier les enjeux fiscaux globaux aux réalités locales sénégalaises. Convaincue que la justice fiscale est un pilier fondamental du développement durable, elle entend désormais utiliser ses compétences pour enquêter sur l’évasion fiscale, sensibiliser les citoyens et responsabiliser les institutions. Pour elle, il ne s’agit pas simplement de chiffres et de budgets : « Quand un milliard quitte illégalement un pays, ce sont des vies qui s’éteignent faute de soins, d’éducation ou d’eau potable. Notre rôle, en tant que journalistes, est de faire parler ces chiffres pour que justice soit rendue. »

La formation intervient dans un moment critique pour le continent, marqué par une pression économique croissante : montée des dettes publiques, pertes de revenus liées au transfert de bénéfices par les multinationales, crise climatique, inégalités sociales. Le rôle du journalisme devient donc plus stratégique que jamais pour questionner les choix politiques, analyser les données financières, et proposer des alternatives fondées sur l’équité fiscale.

Les formateurs de TJNA ont mis l’accent sur l’importance d’un journalisme d’investigation économique, souvent négligé dans les rédactions africaines par manque de moyens, de formation ou d’accès à des données fiables. Geoffrey Sirima, coordinateur du renforcement des capacités au sein de TJNA, a souligné à quel point cette initiative visait à bâtir un réseau de journalistes capables de transformer le discours public sur la fiscalité en Afrique. Il a salué l’engagement des participants : « Ces journalistes sont aujourd’hui mieux préparés pour sensibiliser le public, exiger des comptes et participer activement à la construction d’un système économique plus équitable. »

D’autres participants ont partagé leur enthousiasme. Faruk Shuaibu, du journal Daily Trust (Nigeria), a évoqué une prise de conscience : « Cette formation m’a appris comment mieux surveiller les contrats publics, identifier les pratiques douteuses, et expliquer aux citoyens les liens entre fiscalité, développement et inégalités. » De son côté, Theo Burrows, praticien fiscal sud-africain, a exprimé combien la formation a été révélatrice, malgré son profil non journalistique : « Je ne suis pas journaliste, mais j’ai réalisé à quel point les FFI impactent notre travail quotidien. J’ai commencé à publier des articles pour alerter mes collègues sur ces enjeux. »

L’un des résultats les plus marquants de cette formation a été la volonté des participants de créer un réseau panafricain de journalistes spécialisés dans la justice fiscale. Ce réseau, fondé sur la collaboration, le mentorat et l’enquête transfrontalière, vise à amplifier la voix de l’Afrique dans les discussions fiscales mondiales, notamment dans le cadre des négociations pour une Convention fiscale des Nations Unies et une réforme du système fiscal international.

Francis Kairu, responsable des politiques au sein de TJNA, a salué la cohésion du groupe et leur détermination à porter ces questions sur le devant de la scène. « Vous êtes désormais membres à part entière du mouvement pour la justice fiscale en Afrique. Ce que vous avez démontré pendant ces six semaines dépasse la formation : c’est un engagement réel pour l’équité et la responsabilité. »

Zaynab Sangaré, forte de cette expérience, s’apprête à lancer de nouveaux projets d’investigation au Sénégal, en mettant l’accent sur la transparence budgétaire, l’analyse des finances publiques, et les conséquences sociales des politiques fiscales. Son ambition est claire : utiliser le journalisme comme un outil de transformation sociale et de justice.

En plaçant la justice fiscale au cœur de son travail, Zaynab contribue à éveiller les consciences et à replacer les questions économiques dans le débat citoyen. Son parcours montre que les journalistes africains ne sont pas seulement des témoins des dérives financières : ils peuvent être des acteurs puissants du changement, à condition d’être formés, soutenus et connectés. Le Sénégal peut aujourd’hui compter sur elle pour faire entendre sa voix dans le grand chantier de la justice fiscale africaine.

Babacar Ndiaye

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