Le Tribunal d’instance de Mbour a été le théâtre d’une affaire aussi choquante que singulière, révélant l’ampleur des violences conjugales sous des formes parfois inimaginables. Ce jeudi, Bernard Kama, menuisier résidant à Saly Portudal, a comparu pour avoir sévèrement battu son épouse, Angélique Sané, dans un accès de rage déclenché par un geste de jalousie… et d’humiliation.
Tout a commencé le 3 juin 2025, à l’approche de la fête de la Tabaski. Angélique Sané, employée dans une entreprise à Dakar, avait décidé de rejoindre son mari à Saly pour passer les festivités en famille. Mais dès son arrivée dans leur chambre conjugale, elle fait une découverte glaçante : la photo encadrée d’une autre femme, bien en évidence sur le mur. Il ne s’agit pas d’une cousine, d’une amie ou d’une célébrité — mais bien de la maîtresse du menuisier.
Choquée par ce qu’elle considère comme une provocation flagrante, Angélique arrache la photo et la déchire. Le geste n’a pas été du goût de Bernard Kama. Piqué au vif, il réplique avec une violence insensée : il déchire à son tour la seule photo que sa femme conservait de sa mère défunte, avant de se livrer à un passage à tabac. Téléphone cassé, vêtements lacérés, coups violents… Angélique est laissée en état de choc. Le lendemain, elle dépose plainte au commissariat de Saly Portudal. Bernard est arrêté, puis incarcéré à la Maison d’arrêt et de correction (MAC) de Mbour.
Lors de l’audience, le menuisier ne nie aucun des faits. Il affirme, sans trembler, qu’il avait « divorcé » de sa femme depuis mars dernier, en présence des familles. Pour lui, Angélique n’avait plus sa place dans la maison, ni dans son lit. Il l’accuse même de ne plus répondre à ses « désirs d’homme marié ». Mais le procureur le ramène à la réalité juridique : seul un tribunal peut prononcer un divorce, pas une déclaration familiale.
Selon le quotidien L’Observateur , À la barre, Angélique Sané, d’une voix calme, livre sa vérité. Elle n’avait jamais été informée d’un quelconque divorce, et c’est dans l’esprit d’une épouse fidèle qu’elle avait effectué le déplacement. Elle évoque la scène de violence, les photos de la maîtresse glissées sous le lit, et surtout, la douleur profonde d’avoir vu déchirée la dernière trace matérielle de sa défunte mère.
Malgré les coups, malgré l’humiliation, elle affirme avoir pardonné son mari. Ce pardon ne suffira pas à effacer les faits. Le tribunal, tout en prenant en compte son témoignage apaisant, a condamné Bernard Kama à trois mois de prison avec sursis, assortis d’une amende de 20 000 FCFA.
Une peine symbolique dans une affaire profondément révélatrice : entre amour blessé, violence impunie et souffrance silencieuse, c’est tout un pan de la réalité conjugale qui s’est exposé dans le prétoire de Mbour.