Une banale affaire de téléphone s’est transformée en véritable scandale mystico-judiciaire à Pikine, rapporte L’Observateur. Ndèye Seynabou N., commerçante de 40 ans, a été convoquée à la barre, accusée d’atteinte à la vie privée et de copie frauduleuse de données informatiques.
Au cœur du procès : la découverte de messages vocaux où son nom apparaissait dans une conversation entre sa voisine, Maguette N., et un charlatan, qui évoquait l’intention de jeter un sort contre elle. « J’ai été bouleversée, terrorisée. J’ai pensé à toutes les souffrances étranges que j’ai vécues par le passé », confie-t-elle à L’Observateur, encore troublée. Impossible de garder cette découverte pour elle seule. Dans un mélange de peur et de colère, Ndèye Seynabou N. avoue avoir copié les messages avant de les partager avec son mari, sa mère et plusieurs proches. Devant ces aveux circonstanciés, le parquet la recadre sèchement. « Avait-elle reçu l’autorisation de lire ces messages ? » demande le procureur. « Non », admet-elle.
Le procureur lui reproche alors d’avoir franchi deux lignes rouges : violer la vie privée de sa voisine et diffuser ses conversations personnelles. « Au lieu de chercher des explications auprès de la concernée, vous avez transformé ces messages en scandale familial », martèle le magistrat, selon L’Observateur. Une longue et solide amitié entre voisines du quartier a vacillé pour se briser en mille morceaux avant d’être débattue au Tribunal des flagrants délits de Pikine-Guédiawaye. Tout a commencé par une affaire de manipulation d’un téléphone portable, qui a changé de mains pour aboutir à une accusation de vol.
Pour la prévenue Ndèye Seynabou N., il s’agissait d’un simple emprunt pour appeler sa fille. Puis, devant les juges, elle avance une autre version : lors du Gamou de Tivaouane, elle aurait gardé les téléphones de femmes du quartier qui avaient trouvé gîte chez elle, et en aurait manipulé un… celui de Maguette. Poursuivant sa défense, elle affirme que c’est en ouvrant la boîte vocale qu’elle est tombée sur un message qui l’a sidérée : son nom y apparaissait, cité dans une discussion de la partie civile avec un charlatan. Selon la prévenue, en déroulant le fil de la conversation téléphonique, il y était question d’un sort.
Invitée à la barre, Maguette N., la plaignante, nie avoir prêté son téléphone. Néanmoins, elle dit avoir pardonné à sa voisine, rapporte L’Observateur. La défense, consciente de la gravité des faits, tente de replacer l’affaire dans son contexte : deux femmes influentes du quartier, à la tête de groupements de tontine, souvent rivales. « Ma cliente a été tétanisée par ces messages mystiques d’une extrême gravité. Elle a agi sous le choc, pas par malveillance », plaide son avocat. Le parquet requiert l’application stricte de la loi et ramène le débat aux seules préventions fondées : atteinte à la vie privée et copie frauduleuse de données informatiques. Le tribunal, après délibéré, disqualifie les faits et condamne Ndèye Seynabou N. à trois mois d’emprisonnement assortis du sursis, conclut L’Observateur.