Nécrologie : Les derniers instants atroces de Pape Diop, le chauffeur du bus incendié à Yarakh

Nécrologie : Les derniers instants atroces de Pape Diop, le chauffeur du bus incendié à Yarakh

Alors que l’enquête sur l’incendie criminel du bus Tata à Yarakh n’a toujours pas été bouclée, son chauffeur, Abdoulaye Diop, dit Pape Diop, est décédé samedi soir au village de Touba Guèye. Malade et laissé sans soutien depuis le drame de 2023, il s’est éteint à l’âge de 40 ans, dans la précarité. Son cousin, Matar Gadiaga, interrogé par SourceA, a livré un témoignage déchirant sur ses derniers jours.

Le chauffeur Abdoulaye Diop, plus connu sous le nom de Pape Diop, est décédé dans la nuit du samedi 15 novembre. Résidant au village de Touba Guèye, dans le département de Thiès, il a été inhumé dimanche à Touba, où s’est également tenue la cérémonie religieuse. Sa disparition survient alors que l’enquête sur l’incendie criminel du bus Tata de la Ligne 65, survenu en 2023 à Yarakh, reste encore inachevée. Pape Diop, âgé d’environ 40 ans, avait été au cœur de ce drame, qui avait coûté la vie à deux personnes et blessé plusieurs autres passagers. Il avait survécu avec des brûlures au pied et avait livré, lors d’un entretien avec Thiès 24, un récit détaillé de l’attaque de son véhicule. Mais depuis, confient ses proches à SourceA, il vivait dans la précarité et la maladie.

« Samedi vers 23 heures, il est tombé dans les toilettes alors qu’il voulait prendre un bain, après avoir fait bouillir de l’eau. Nous l’avons transporté à l’hôpital de Thiénaba, mais il est décédé en cours de route », regrette Matar Gadiaga, cousin du défunt. Interrogé par SourceA, il est revenu avec émotion sur les dernières semaines de Pape Diop. Selon lui, la mort de Pape Diop est « naturelle », comme l’a confirmé le médecin. Le chauffeur souffrait d’une forte tension depuis un mois et les médecins lui avaient recommandé d’arrêter le café et de cesser de fumer. « Il prenait beaucoup de café. Il avait même arrêté », précise son cousin.

« Au-delà de la maladie, c’est surtout l’abandon dont il se disait victime qui attriste sa famille. Après l’incendie, il avait rencontré le ministre de l’Intérieur d’alors pour faire face à la presse, mais il n’a reçu aucune aide ensuite pour se soigner. Pourtant, il s’en était sorti avec des brûlures au pied. Il a été oublié juste après son interview », déplore Matar Gadiaga, évoquant un homme fragilisé et laissé à lui-même après avoir survécu à une attaque aussi violente.

La vie de Pape Diop était marquée par une grande fragilité familiale. « Il avait perdu tôt ses deux parents. Il n’avait qu’un seul grand-frère, déficient mental », témoigne son cousin. Marié à deux épouses et père de deux enfants, il portait seul le poids financier et moral de toute sa famille. « Très tôt, orphelin de père et de mère, le défunt était le seul soutien d’une famille entière », ajoute Matar Gadiaga.

La disparition de Pape Diop referme une page douloureuse pour ses proches, mais laisse aussi planer l’amertume d’un homme qui, après avoir survécu à un acte criminel, n’a jamais reçu l’accompagnement financier qu’il espérait. Une fin de vie marquée par la maladie, la solitude et l’indifférence, au moment même où l’enquête sur le drame de Yarakh n’a toujours pas rendu ses conclusions. « Il était le seul soutien de sa famille. Mais on s’en remet à Dieu », conclut Matar Gadiaga, ému.

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