Mode Tabaski 2025 : Quand l’élégance devient un danger pour la santé des jeunes filles sénégalaises

Mode Tabaski 2025 : Quand l’élégance devient un danger pour la santé des jeunes filles sénégalaises

Pendant la fête de la Tabaski, les couturiers, influenceurs de mode et boutiques de prêt-à-porter sénégalais se lancent dans une véritable course à l’originalité et à l’élégance. Cette année encore, les réseaux sociaux débordent de photos de jeunes filles arborant fièrement leurs tenues sur mesure, souvent somptueuses, riches en broderies et en coupes stylisées. Mais derrière cette apparente beauté se cache une tendance inquiétante : celle des tenues extrêmement serrées, qui mettent en danger la santé de nombreuses jeunes filles.

Une mode qui étrangle
Les robes ultra-moulantes, tailles compressées, bustiers rigides et tissus non respirants sont devenus la norme chez beaucoup d’adolescentes et de jeunes femmes, parfois dès l’âge de 12 ou 13 ans. Ces vêtements, censés mettre en valeur la silhouette, compriment fortement la poitrine et l’abdomen, jusqu’à entraver la respiration et provoquer des malaises.

Le docteur Ndiaye, médecin généraliste tire la sonnette d’alarme :

« Nous recevons de plus en plus de jeunes filles qui s’évanouissent pendant les cérémonies, notamment lors de la Tabaski. Elles portent des robes tellement serrées qu’elles ne peuvent pas respirer correctement. Certaines souffrent de douleurs au thorax, de vertiges, et même de troubles digestifs. »

L’esthétique au détriment du confort
Dans un contexte où les réseaux sociaux jouent un rôle central dans la valorisation de l’apparence, les jeunes filles sont souvent poussées à se conformer à des standards irréalistes. Les couturiers eux-mêmes admettent être régulièrement sollicités pour des tenues qui « sculptent » le corps, quitte à en sacrifier le confort.
« Si la robe n’est pas serrée, on me dit que ce n’est pas chic », confie Khady, jeune couturière à Pikine. « Les clientes veulent des tailles très marquées, même si ce n’est pas adapté à leur morphologie. »

Une pression sociale dangereuse
Cette recherche du “corps parfait” et du “look à la mode” entraîne parfois un cercle vicieux : gaines ultra-compressives, régimes drastiques, et même déscolarisation temporaire pour se préparer à “être belle” le jour de la fête. Une situation préoccupante, selon la sociologue Fatou Sène :

« La Tabaski, au-delà de sa dimension religieuse, devient pour certaines une scène de compétition sociale. La mode est utilisée comme un marqueur de statut, mais elle peut devenir une forme d’oppression silencieuse sur les jeunes filles. »

Appel à la responsabilité collective
Face à cette situation, les professionnels de la santé, les associations de parents, les stylistes et les influenceurs sont invités à agir. Promouvoir des modèles vestimentaires qui allient esthétique, tradition et confort est aujourd’hui une urgence.
Des campagnes de sensibilisation dans les écoles, les médias et sur les réseaux sociaux pourraient aider à changer les mentalités.

La Tabaski est une fête de partage, de spiritualité et de joie. Elle ne devrait pas devenir un moment de souffrance physique ou psychologique pour celles qui, en quête de beauté, mettent leur santé en péril. Il est temps de repenser notre rapport à la mode festive et d’enseigner aux jeunes filles qu’élégance rime aussi avec bien-être.

Sanslimites

0 COMMENTAIRES
    Publiez un commentaire

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *