Incroyable, mais tristement vrai ! Le chef de l’État, porté au pouvoir avec 54?% des suffrages exprimés, semble aujourd’hui dépouillé de toute autorité réelle », de l’avis de l’ancien ministre des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens. Dans une note rendue publique, Mansour Faye indique que « depuis le palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor, le chef de l’État donne l’image d’un président effacé, recroquevillé dans un rôle symbolique, pendant que la réalité du pouvoir se déporte ailleurs entre les mains d’un Premier ministre surdimensionné et d’un parti devenu tentaculaire ».
À l’en croire, le constat est sans appel,et même des voix issues de l’ancien régime s’en alarment. Mansour Faye n’a pas mâché ses mots?: « On a l’impression que le président vit en résidence surveillée. Il subit, il ne dirige plus.»
Pour lui, le chef de l’État n’est plus en mesure d’exercer l’impérium que lui confère la Constitution. En clair, Mansour Faye déplore que le président ait abdiqué face à une force politique qu’il ne contrôle pas, se contentant d’un rôle secondaire.
Poursuivant son propos, maire de Saint-Louis souligne que « cette impression d’impuissance a été confirmée lors du dernier 4 Avril. Là où l’on attendait un discours rassembleur pour célébrer l’unité nationale, le président s’est emmêlé dans un face-à-face raté avec la presse, livré à un exercice de communication laborieux, flou et sans direction. Plutôt que d’apaiser ou d’inspirer, il a inquiété. Son discours était à l’image de son mandat?: dispersé, imprécis, effacé ».
Plus grave encore, selon lui « le chef de l’État a franchi une ligne rouge en appelant les citoyens à faire pression sur la justice. Une déclaration inconcevable de la part du garant de l’indépendance de l’autorité judiciaire. Ce dérapage confirme une perte totale de repères institutionnels et un glissement inquiétant du pouvoir Exécutif vers un terrain populiste et dangereux ».
Par ailleurs, il souligne que « le spectre de Macky Sall, lui, continue de planer sur les esprits du nouveau régime ». Et de poursuivre : « Le nouveau pouvoir semble obsédé par l’ancien président, allant jusqu’à lui faire porter la responsabilité de ses propres lacunes. À ce niveau de responsabilité, déverser les frustrations présidentielles sur un prédécesseur devient non seulement contre-productif, mais indigne. »
Face à ce que l’ancien ministre appelle « le naufrage en direct, la question d’une élection présidentielle anticipée se pose. Ce mandat, né dans la confusion, s’étrangle aujourd’hui dans le désordre et l’incompétence. Il devient urgent de rendre au peuple son droit de choisir un président pleinement légitime et capable d’incarner les fonctions qu’il occupe. Un couplage de la Présidentielle anticipée avec les Locales de 2027 pourrait être la seule voie pour éviter au pays un basculement plus profond ».