Le comédien Mame Balla Mbow est profondément touché par la situation critique de son confrère Samba Yoro, aujourd’hui malade et diminué après l’amputation de sa jambe. Dans un témoignage empreint d’émotion, il dénonce les difficultés auxquelles de nombreux artistes sénégalais sont confrontés.
« Le cas de Samba Yoro me ronge le cœur, confie Mame Balla Mbow. Chaque fois que je vois un artiste dans de telles conditions, je ressens une grande tristesse. Nous n’avons peut-être pas le talent de Baye Eli (Gorgorlou), qui a marqué l’histoire de l’art, mais nous avons tous vu comment il avait dû demander de l’aide pour se soigner. »
Des « stars » vite oubliées
Pour le comédien, la société sénégalaise a tendance à fabriquer des « stars » éphémères, portées par une ou deux séries à succès, mais laissées à elles-mêmes une fois la lumière des projecteurs éteinte.
« Au Sénégal, on crée des stars qui cartonnent sur une ou deux séries, puis ensuite, elles doivent se débrouiller seules pour entretenir leur personnage auprès de leur famille ou de leur quartier. À force, certains finissent même à aller à la “Roussa Banque” parce que le public ne fait plus la différence entre l’artiste et son rôle », explique-t-il.
Entre rires à l’écran et larmes en coulisses
Mame Balla Mbow rappelle que derrière les rires que les artistes offrent au public, se cache souvent une réalité douloureuse.
« Beaucoup d’artistes qui nous font rigoler dans nos salons ont des larmes qui coulent à l’intérieur. Parfois, ils sont aussi fautifs : accepter de tourner dans une série, quelle que soit sa renommée, sans être payés correctement, cela n’a aucun sens. Je le dis et je le répète : l’art pour le buzz est révolu. L’art doit permettre de vivre dignement. Le buzz est éphémère et la retraite artistique n’existe presque pas », martèle-t-il.
Un choix de carrière assumé
À titre personnel, Mame Balla Mbow affirme avoir fait le choix de se consacrer à la création de contenus et à devenir ambassadeur de marques, plutôt que de miser uniquement sur la télévision.
« Le mythe de la télé est toujours là, mais elle nourrit peu de monde. Pour ma part, je préfère rester actif sur les réseaux sociaux et avoir une vie normale, plutôt que d’être surexposé dans la précarité », dit-il.
Un appel à la prise de conscience
En conclusion, le comédien adresse un message fort à ses collègues et au public :
« Ouvrez les yeux, chers frères et sœurs. L’art ne doit pas être une source de souffrance, mais un moyen d’épanouissement et de dignité. Le cas de Samba Yoro doit nous servir de leçon. »