La ville de Ziguinchor a vécu une journée noire ce vendredi, endeuillée par deux événements tragiques survenus à quelques heures d’intervalle. Un homme d’une cinquantaine d’années a d’abord été retrouvé pendu dans une maison du quartier de Goumel. Quelques heures plus tard, un autre drame, encore plus déchirant, s’est produit à Kandé-Banéto : une jeune fille de 22 ans a été mortellement poignardée… par sa propre sœur jumelle.
Selon les informations rapportées par L’Observateur, la première tragédie s’est déroulée dans le quartier de Goumel, en périphérie nord-est de Ziguinchor, où un quinquagénaire a été retrouvé pendu dans une maison. Les circonstances exactes de sa mort restent à déterminer.
Mais c’est dans le quartier populaire de Kandé-Banéto que l’émotion a atteint son paroxysme. Là, un différend familial entre deux sœurs jumelles a tourné au drame. Awa Bodian aurait mortellement poignardé sa sœur Adama, à la suite d’une altercation liée à une dette d’argent.
Nées en 2003 et originaires du village de Diégoune (département de Bignona), les jumelles Bodian étaient réputées très proches, partageant jusqu’à leurs finances. Pourtant, une banale dispute pour 3 500 FCFA a dégénéré en confrontation physique. Awa a reconnu devant les enquêteurs avoir emprunté cette somme à sa sœur et proposé un remboursement partiel de 2 000 FCFA, que sa sœur aurait refusé. La tension est montée, les mots ont cédé la place aux gestes, et dans la bagarre, Awa a saisi une paire de ciseaux pour porter un coup fatal à sa sœur.
« J’ai brandi les ciseaux et je l’ai frappée », a-t-elle confié, en larmes, lors de son audition par les agents du Commissariat central. La scène s’est déroulée sous les yeux impuissants des membres de la famille, qui pensaient assister à une dispute ordinaire entre les deux jeunes femmes.
Alerté par les cris, l’oncle maternel des jumelles, Hamidou Sané, s’est précipité sur les lieux. « Je l’ai trouvée allongée, les yeux révulsés, baignant dans une mare de sang. Nous avons pris des pagnes pour l’envelopper et l’avons transportée d’urgence à l’hôpital de la Paix », raconte-t-il, la voix brisée. Malgré les efforts des soignants, Adama n’a pas survécu. La blessure était trop grave, l’hémorragie trop importante. « C’est fini pour elle », ont déclaré les médecins.
Pendant que les enquêteurs procédaient aux premières constatations sur place, Awa Bodian, en état de choc, a été interpellée. Le père des jumelles, Bakary Bodian, surnommé “Akai”, a lui aussi été entendu, de même que plusieurs témoins qui auraient vu, voire manipulé, l’arme du crime.
Aujourd’hui, la famille Bodian est effondrée, tiraillée entre incompréhension, douleur et stupeur. Un oncle résume le sentiment général : « C’est très dur pour notre famille. Personne n’aurait pu imaginer un tel drame entre elles. »
Ziguinchor se réveille meurtrie, portant le poids de deux tragédies qui rappellent, chacune à leur manière, la fragilité de la vie et la violence parfois tapie dans le quotidien.