Née au Canada de parents britanniques, Ashley Maher s’installe à Los Angeles à l’âge de cinq ans. Très tôt, elle s’imprègne de traditions musicales africaines, bien avant sa découverte approfondie de ces influences à la fin des années 1980 à Londres, où elle partage alors le label Virgin Records avec Gabriel N’Dour. Contre toute attente, Ashley parvient à développer un style personnel rare : une manière authentique de traverser les frontières musicales sans jamais trahir l’esprit des traditions qu’elle explore.
Ashley grandit dans un environnement sonore vaste et diversifié : rock et pop américains et britanniques, musique classique et un fort héritage latin, particulièrement brésilien. Elle prend ses premiers cours de chant à seize ans, explore le jazz, le chant médiéval et la chorale au lycée, avant de se consacrer sérieusement à l’opéra, qu’elle étudie intensivement en Italie. Malgré une affinité naturelle avec le répertoire classique, il lui manque une dimension spirituelle. C’est à l’Université de Californie à Berkeley qu’elle trouve sa voie, en tombant par hasard sur un cours du maître ghanéen de djembé C.K. Ladzekpo.
« Ça a été LA révélation », raconte-t-elle. « Chaque cellule de mon corps s’est embrasée. J’ai su que je venais de trouver un sens à ma vie. » Elle étudie alors deux ans les polyrythmies africaines, découvrant une aisance instinctive pour ces langages musicaux.
Diplôme en poche, Ashley s’envole pour Londres et rejoint Blackash, un groupe de jazz panafricain formé par d’anciens membres du mythique Osibisa. Elle collabore également avec de nombreux musiciens africains de passage ou installés sur place. Ses influences majeures incluent Youssou N’Dour, Baaba Maal, Salif Keita, King Sunny Ade et Nusrat Fateh Ali Khan, mais aussi Paul Simon, Peter Gabriel, Sting et Joni Mitchell. Ses premières démos, enregistrées avec le groupe chorégraphique Adzido, témoignent de cette fusion créative : percussions ghanéennes et chant mêlant scat et harmonies soyeuses. Ces enregistrements attirent cinq labels, dont Virgin, avec qui elle signe.
Ashley publie chez Virgin deux albums salués par la critique : hi (1990) et Pomegranate (1992). Elle y affirme une personnalité musicale chaleureuse, éclectique et profondément empathique. Après le rachat de Virgin par EMI, elle quitte le label et poursuit sa carrière en Europe. On l’entend notamment dans les chœurs d’albums de Youssou N’Dour, Myriam Mursal et de l’Afro-Celt Sound System. Son troisième album indépendant, The Blessed Rain (1997), prolonge l’esprit de Pomegranate et confirme la nature exploratrice de son art.
Après douze années londoniennes, Ashley retourne à Los Angeles pour accompagner sa mère en fin de vie. Après son décès, elle s’intègre à la communauté florissante de musiciens africains et latins de la ville. Son quatrième album, Flying Over Bridges (2006), produit par André Manga, rassemble des artistes du Cameroun, du Sénégal, du Brésil, du Venezuela, d’Uruguay et des États-Unis.
Sa longue amitié avec Youssou N’Dour nourrit son lien profond avec la culture musicale sénégalaise. En 2007, ce dernier inclut une chanson co-écrite avec elle, « Boul Bayékou », dans son album Rokku mi rokka (Nonesuch/Warner). Danseuse de sabar accomplie, Ashley se produit avec N’Dour à Dakar et au Grand Bal de Bercy.
Son cinquième album, Amina, également produit par André Manga, est selon elle « une lettre d’amour au Sénégal ». L’œuvre constitue l’une des plus belles tentatives d’un artiste occidental d’entrer dans l’univers du mbalax selon ses propres termes. Ashley y déploie une écriture lyrique en anglais sur des rythmes, harmonies et couleurs résolument sénégalais, avec une conscience aiguë de la complexité de cet équilibre. Sa maîtrise rythmique, nourrie par une étude approfondie des danses et percussions sénégalaises, irrigue toute la composition de l’album.
L’influence mbalax, genre issu de la rencontre entre percussions traditionnelles et héritage afro-cubain, traverse presque tout Amina. Des membres du Super Étoile de Dakar – dont le guitariste Jimi Mbaye, le maître du tama Assane Thiam, le percussionniste Thio Mbaye et le batteur Abdoulaye Lo – participent aux enregistrements réalisés à Dakar.
L’audace de Amina séduit déjà le public sénégalais et sa diaspora. Le célèbre animateur Badou Bousso le qualifie de « meilleur album mbalax depuis longtemps », saluant son retour aux sources et son impact bénéfique sur la scène. Selon lui, en ramenant l’authenticité des percussions et des harmonies d’origine, tout en restant ouvert au monde, Amina pourrait bien remettre le mbalax sur les rails de son essence première.
Parallèlement à ses collaborations avec Youssou N’Dour, Ashley Maher se produit régulièrement sur les scènes américaines et internationales. Elle a assuré la première partie d’artistes majeurs comme Salif Keita, Baaba Maal, Zap Mama, Vusi Mahlasela ou Dobet Gnahoré. Décrite par la presse britannique comme « une figure culte pour un cercle de connaisseurs », Ashley espère que Amina lui offrira une reconnaissance plus large à travers le monde – reconnaissance dont les premiers échos, au Sénégal notamment, semblent très prometteurs.
Toute l’équipe de Piccmi lui souhaite le meilleur dans la poursuite de sa carrière musicale et dans ses futures collaborations, notamment avec les artistes sénégalais qui ont tant influencé son parcours.



